Néglige-t-on le leader dans le développement du leadership ?

Ces dernières années, la conception de ce qu’est un leader et les méthodes de développement du leadership ont radicalement changé. Longtemps considéré comme le fruit de l’expérience, de la réussite et de la faculté de convaincre et de fédérer, le leadership s’est redéfini à l’aune de son environnement. Aujourd’hui, le leader se doit d’être agile, à l’écoute, capable de faire émerger des solutions de manière collaborative. Son aptitude à évaluer, hiérarchiser et décider au sein d’une complexité croissante est primordiale. Ses qualités personnelles sont reconnues comme ‘clés’.

Des programmes centrés sur la gestion

Pourtant, les programmes de développement du leadership se concentrent encore sur des facteurs externes : gestion du changement, motivation, dynamique d’équipe… Alors que l’on attend du leader qu’il se réinvente dans un environnement en pleine mutation, on accorde encore trop peu d’attention à ses perceptions, ses attitudes, ses schémas décisionnels. Or, comment envisager de relever les défis actuels sans agir sur tous ces leviers internes au cœur du leadership contemporain ?

La nécessité d’un leadership rassurant

À l’instar de la révolution industrielle au siècle dernier, la digitalisation provoque un véritable chamboulement au sein des organisations. Les collaborateurs, dans l’incertitude de ce que sera à terme leur place, subissent une charge mentale sans précédent. Ils ont besoin de repères et de stabilité pour rester productifs, motivés, confiants dans l’avenir. Le leader est appelé à être une figure rassurante dans la tempête. Par une conscience aigüe de son environnement, de lui-même et de ses priorités, il dispose d’une perception sereine et humaine des enjeux ; et surtout, malgré l’accélération des changements autour de lui, il ose solliciter et valoriser l’intelligence collective de ses équipes.

La performance par la pleine conscience

Alors que les programmes de leadership traditionnels mettent encore trop peu souvent la priorité sur le développement d’une nouvelle typologie de leaders, des approches novatrices voient le jour. Elles s’inspirent, par exemple, des vertus de la pleine conscience ; la pédagogie expérientielle concrète et pragmatique du programme MBSR met très simplement la méditation au service de la performance en entreprise. Toujours plus de leaders soulignent d’ailleurs sa capacité à renforcer leur attention à l’essentiel dans un environnement chaotique de multi-tasking et de sur-sollicitation. Une attention décuplée qui leur permet d’ouvrir un espace où faire des choix sages, conscients et parfois disruptifs, sans céder aux automatismes générés par le stress, les rapports de force et les jeux de pouvoir.

Toute une génération d’entreprises telles qu’Apple, Google, AstraZeneca, General Mills ou Honeywell offrent déjà des séances de « Mindfulness » à des milliers de collaborateurs. Les salles de méditation ou de repos se démocratisent dans les organisations. A Luxembourg, nous menons des projets concrets au sein d’institutions financières de renom. Dans le contexte actuel, quelle meilleure façon d’aider les leaders à maintenir leur performance, leur humanité et leur recul dans la durée ?